Envoyée le 10 janvier 2011

Bonne année Franceska !

Que te souhaiter pour cette nouvelle année ? Que tu sois heureuse. Je pense que cela résume bien ce que je puis espérer pour toi.

C'est hypocrite. Je n'aime pas souhaiter "bonne année" aux gens et tu le sais. Leur promettre des choses qu'ils n'auront pas forcement. Ou même jamais. C'est comme leur mentir ; la vie est trop pleine d'imprévus. En janvier dernier, tu m'avais souhaité de choisir la meilleure orientation possible pour cette année de première, celle qui me correspondait le plus. C'était le plus sensé des voeux que tu m'avais alors adressés. Je me rappelle du premier au matin, vers cinq ou six heures, quand nous étions stones, complètement anéanties par la fatigue. Je ne saurais redire le nombre de conneries que nous avions sorties à la minute, à ce moment là.

Qu'as-tu fait à Noël ? Je n'ai toujours pas reçu de tes nouvelles. T'es tu bien amusée ? Pour ma part, mon réveillon a été particulièrement réussi. Je t'avais dit dans ma précédente lettre que je suis partie chez Lisou, non ? Elle a été adorable et je me suis sentie parfaitement intégrée dans sa famille. Nous avons fait du ski, une grande première pour moi. Montée sur planches, je deviens une vraie catastrophe ambulante. Pour la plus grand trouille de la mère et pour la plus grande joie de la fille. Je ne sais combien de batailles de boules de neige nous avons faites avec ses frères, combien de grands hommes glacés nous avons commencés sans jamais les achever, ou combien de temps nous avons passé la tête dans la neige. Il faisait un froid piquant, nous avons eu de la neige en quantité monstrueuse et nous avons rencontré énormément de gens super sympas. Je ne te citerai pas les noms, au risque d'en oublier ... mais aussi et surtout de t'ennuyer.

T'ennuies-tu en lisant mes lettres ? C'est probable, je parle beaucoup pour ne rien dire. Mais j'espère que mes cartouches d'encre ne sont pas vidées pour finir brulées sur l'instant. Si tu pouvais seulement me répondre pour m'assurer que tu as lu ces mots, je serais rassurée ... au moins pour l'année entière !

La rentrée s'est plutôt pas mal passée. Bon, mis à part le fait que je n'avais pas fait grand chose depuis deux longues semaines, s'entend. Le retour a été un peu brutal mais rien de dramatique. J'ai retrouvé Canaille complètement hors service ; ils sont tous sadiques à vouloir nous faire rentrer si peu de temps après la Saint Sylvestre ! Certains en on été certainement plus dérangés que moi. Je n'ai rien fait pour la nouvelle année. Accrochée à mon réveil, j'ai regardé les chiffres défiler jusqu'à minuit et aucune autre petite minute. Je me suis souhaité bonne année et bonne nuit et me suis endormie fissa.

Je suis rentrée de chez Lisa le 29 décembre. Nous n'avons pas échappé, le premier de l'an, au traditionnel repas de famille. Et tu ne peux pas savoir combien tu m'as manqué. Nous avons une famille de pourris, je te jure ! Pourris à la racine. Que ce soit les parents, pourris par les années, ou les enfants, pourris gâtés. Julienne s'est fait offrir pour son Noël un scooter. Elle n'est qu'en cinquième et bien loin de pouvoir le conduire, aux dires de sa mère. Trouve un raisonnement plus stupide pour voir ... moi, j'abandonne. Oh, et t'ai je dit (non, je ne crois pas encore) que les parents se sont surpassés pour Noël ? J'ai eu le droit à trente trois euros. Pourquoi trente trois, aucune idée. Mais je sais que, étrennes et anniversaire compris, je n'ai jamais eu le droit à autant de leur part. Evidemment, l'enveloppe que j'ai reçue avec l'argent le vingt-six décembre au matin contenait un petit mot. Mignon comme tout, orné de la plume et de l'ironie de Maman. C'était un petit carton plié en deux, de sorte qu'en ouvrant l'enveloppe, je vit inscrit "Bonnes Vacances". En l'ouvrant, le chèque. En le retournant, le début du message : "Merci pour ces" bonnes vacances, donc, si tu as suivi. Sympathique n'est ce pas ?

Les soldes débutent après demain. Je sais, c'est typiquement féminin de t'annoncer cela (surtout que je suis sure de ne rien t'annoncer du tout, m'enfin ...) mais Canaille et Julia me remplissent le cerveau avec le nom des magasins prioritaires sur leur liste pour le jour J. C'est désespérant d'être accro à ce point là. Si si, ça en arrive au titre de "maladie incurable" ! Même moi, qui ne suis pas contre le fait de faire deux trois magasins pour me trouver une jolie robe, rechigne et essaye de m'inventer une quelconque excuse pour échapper mercredi, en sortant des cours, à la ruée vers les étalages de fringues au rabais ... mais ai-je vraiment le choix ?

Qui dit nouvelle année dit également nouveau départ. C'est en tout cas ce que semblent m'affirmer tous les profs. Mais tous, hein, sans exception ! Pour ce faire, Miss Crasmette a commencé par nous changer de place. Je me retrouve donc à côté d'Anaïs, une petite et fine brune aux cheveux coupés en brosse, dont les cheveux ne cessent de lui tomber dans les yeux. Elle a un visage très ovale, un visage fatigué aux yeux tristes. Elle ne parle pas et bosse énormément. Mon opposé parfait. Devant je retrouve Magalie, une anorexique au large sourire et au rire communicatif qui était déjà en cours avec moi l'année passée, ainsi que Aaron, le petit nouveau aux yeux vairons. Evidemment, avec Magalie et moi, le pauvre est déjà bien surveillé par les professeurs ...

Comment se passent tes études ? Je n'ai quasiment pas eu l'occasion d'en discuter avec toi. Je ne me souviens plus, tu passes un exam cette année ? Je sais, je ne devrais pas te poser la question, je suis impardonnable et bla bla bla ... mais j'avoue qu'avec toi, je suis un peu ... perdue.

Envoie-moi de tes nouvelles. Je pense à toi. Un grand coucou à Phil.

Bisous,

Amy.

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