• Lettre d'Amy à Fan - 10

     

    Lettre 10 - 5-8-2011 (c)

     

    Envoyée le 5 août 2011

     

    Chère Franceska,

     

    Je bénis la colonie. Jamais je n’aurais autant profité de trois semaines. Loin d’eux, elles avaient comme un arrière-goût de liberté.

    J’espère que toi aussi tu es en « vacances ». Que tu es en balade et … que tu as du soleil ! Que ces histoires d’hôpital ne sont plus que des mauvais souvenirs ; que tu vas bien. Que Phil va bien. Qu’Opa et Oma vont bien. Qu’ils te chouchoutent et t’entourent bien ! Et peut-être que l’été te poussera à me donner de tes nouvelles, qui sait ?

    Les miennes n’ont rien d’extraordinaire. D’accord, j’ai subi la vague « dernier épisode d’Harry Potter ». J’ai été le voir avec Canaille. Juste elle, parce que je m’en voulais un peu. C’est vrai que je n’ai pas passé beaucoup de temps avec elle cet été, même si ma justification était de taille ; j’étais partie ! Mais maintenant c’est son tour. Elle passe deux semaines avec son père et une avec sa mère. Si sa mère la garde en France, son père, lui, l’emmène au Maroc. Soleil, plage et farniente sont déjà inscrits au programme.

    Et puis avouons le, cette semaine, c’est à Aaron que je l’ai consacrée. Oh, je te vois venir d’ici ; c’est juste un très bon ami, voilà tout. Nous avons enchaîné les sorties, soirées, fous rires et autres discussions diverses et variées. Tu n’imagines pas le nombre de choses que j’ai apprises sur lui : qu’il aime faire de la voile et qu’il en a fait un stage en juillet, que ses lunettes teintées qu’il porte en quasi permanence depuis que je le connais n’ont pour seul but que de cacher ses yeux vairons - il en a honte ! - et que quand il rie, ses fossettes sont vraiment super craquantes … Bref. Quant à moi, je lui ai bien évidemment parlé de toi, Fan. Il m’a fait promettre de t’envoyer ses amitiés. Et son soutien, au cas où tu en aurais encore besoin …

    Et puis, il y a eu la mauvaise blague des parents. Ils veulent déménager.
    Alors ils ont commencé à badigeonner ta chambre de blanc. Et plutôt que de faire de même avec la porte, ils l’ont changée. Tout simplement. Je suis rentrée un soir, tard et les esprits disons … embrumés. Je me suis d’abord demandée si je n’avais pas tout simplement une hallucination. Mais lorsque le lendemain mat … le lendemain, je me suis réveillée et que la porte luisait toujours de son blanc neuf malgré mon mal de crâne, j’ai compris que non, ils n’avaient pas hésité à la supprimer définitivement.

    Les larmes me montent aux yeux rein qu’en écrivant ces mots. Ta chambre ! Comment ont-ils pu oser y toucher ? C’était ton refuge. C’était devenu le mien. Ils m’ont envoyée au loin et l’ont déshabillé, démantelé, rasé, détruit. J’ai littéralement explosé de colère en les voyants pinceaux à la main. J’ai lamentablement pleuré en touchant le bois neuf et trop propre de la nouvelle porte d’entrée. Mais je peux te l’assurer ; lorsqu’on enrage, on raconte tout et n’importe quoi … mais surtout n’importe quoi. Va savoir pourquoi à cet instant ils étaient responsables de tous les maux de la terre. Mais aussi et surtout responsables de ton départ. Oui, ça, j’avoue qu’ils ne l’ont pas bien digéré. C’était assez drôle d’ailleurs : savais-tu que lorsque Papa est exaspéré il devient rouge alors que Maman pâlit de minute en minutes ? À ce point là, je n’avais encore jamais vu. Bon, certes mon rire a été de courte durée vu que le mode cocotte-minute s’est bientôt transformé en une jolie double explosion. Le lendemain soir, la porte avait disparu. Mais j’ai au moins eu la paix pendant toute la semaine. Un avantage comme un autre.

    Déménager … La bonne blague. Ils veulent juste anéantir mes souvenirs. Ton souvenir. Notre maison garde encore trop les traces de ton passage : vingt ans, cela ne s’oublie pas en même pas un. Tu te rends compte ? Dans un petit peu plus d’un mois, cela fera déjà un an. Un an que tu m’as annoncé que tu me lâchais, en début d’après midi de septembre. Un an où tu m’as laissée dans l’attente. Un an de silence. Un an de mots écrits pour tenter de pallier à la distance. Un an … Que le temps passe vite …

    Ma lettre n’est-elle pas un peu plus courte qu’à mon habitude ? Peut-être que pour une fois, mes mots aussi sont eux aussi au repos. Ils se refusent à sortir - à croire aussi peut-être. Alors je vais te laisser. En te souhaitant à nouveau tout ce que je peux te souhaiter dans chacune de mes lettres ; profites bien, portes-toi bien. Et à bientôt. Oui, je l’espère toujours.

     

    Ana.

     


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